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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   L’Antiquité  ne  fut  pas  en  reste  dans  cette  animalisation  péjorative  du  corps  enfantin,
                   comme l’illustre cette célèbre conception platonicienne: «de tous les animaux sauvages,

                                                                   223
                   l’enfant est celui qu’il est le plus difficile de manier» . Il appartient donc à l’éducateur de
                   dresser cet animal sauvage, de la transformer par exemple en «singe savant», en attendant

                   l’arrivée de l’âge de raison, signe de l’éclosion possible de l’humanité en lui.


























                                               Image 2: enfant ou singe savant?


                   Selon  une  perspective  différente,  le  corps  et  le  psychisme  de  l’enfant  sont  souvent

                   caractérisés  par  leur  mollesse,  leur  malléabilité,  leur  absence  de  fermeté.  Il  faut  alors
                   emmailloter l’enfant (on sait que les conseils de Rousseau tentèrent de dissuader les mères

                   d’avoir  recours  à  cette  immobilisation  des  membres  enfantins)  et  entamer  sur  lui  une
                   éducation modelante et modélisante. C’est par exemple le présupposé porté par John

                   Locke, lorsqu’il définit le jeune enfant comme «un morceau de cire que je pouvais façonner
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                   et mouler à mon gré» .

















                   223  Platon, Les Lois, 808d.

                   224  Locke, J., Quelques pensées sur l’éducation (conclusion), Paris: Vrin, 2007.



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