Page 158 - Amechanon_vol1_2016-18
P. 158
Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
L’Antiquité ne fut pas en reste dans cette animalisation péjorative du corps enfantin,
comme l’illustre cette célèbre conception platonicienne: «de tous les animaux sauvages,
223
l’enfant est celui qu’il est le plus difficile de manier» . Il appartient donc à l’éducateur de
dresser cet animal sauvage, de la transformer par exemple en «singe savant», en attendant
l’arrivée de l’âge de raison, signe de l’éclosion possible de l’humanité en lui.
Image 2: enfant ou singe savant?
Selon une perspective différente, le corps et le psychisme de l’enfant sont souvent
caractérisés par leur mollesse, leur malléabilité, leur absence de fermeté. Il faut alors
emmailloter l’enfant (on sait que les conseils de Rousseau tentèrent de dissuader les mères
d’avoir recours à cette immobilisation des membres enfantins) et entamer sur lui une
éducation modelante et modélisante. C’est par exemple le présupposé porté par John
Locke, lorsqu’il définit le jeune enfant comme «un morceau de cire que je pouvais façonner
224
et mouler à mon gré» .
223 Platon, Les Lois, 808d.
224 Locke, J., Quelques pensées sur l’éducation (conclusion), Paris: Vrin, 2007.
158