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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
Image 11: Xie Kitchin, 1872, 8 ans (photographie de Lewis Carroll)
À l’opposé de ce corps fantasmé, on rencontre le corps «naturel» de l’innocence
physiologique, telle que Rabelais la chante malicieusement dans Gargantua. «Et celui temps
passa comme les petits enfants du pays, c’est à savoir à boire, manger et dormir; à manger,
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dormir et boire; à dormir, boire et manger» .
Le corps de Gargantua, ce magnifique enfant rabelaisien, est décrit avec une jubilation
communicative; on y assiste à l’explosion de la vitalité du corps humain, à la démesure
paillarde de la verdeur enfantine et à la jouissance sensuelle du bien-vivre. La sexualité y
est donc très active et l’enfant Gargantua est fier de sa braguette et de son contenu:
«vous l’eussiez comparée à une belle corne d’abondance […] toujours galante,
succulente, resudante [suintante de sève], toujours verdoyante, toujours
fleurissante, toujours fructifiante, pleine d’humeurs, pleine de fleurs, pleine de
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fruits, pleine de toutes délices» .
L’on perçoit ainsi le plaisir d’éduquer chez les nourrices et les gouvernantes au surnom
qu’elles donnent à l’attribut viril de leur protégé: «ma petite andouille vermeille, ma petite
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couille bredouille» …
236 Rabelais, F., Gargantua, VI., Paris: Points Seuil, 1997, p. 408.
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Ibid., II.
238 Ibid., X.
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