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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846

rééducateurs, médecins, loin de chercher à entendre l’enfant comme sujet désirant,
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l’intègrent comme objet de soins dans des systèmes divers de récupération» .

Cette opposition entre sciences du sujet et sciences de l’objet a fréquemment structuré les
débats sur l’enfance et continue d’opposer – parfois d’articuler – une subjectivation du

bébé (une personne) et une numérisation de celui-ci.

Image 14: une anthropométrie précoce

Aujourd’hui, en vertu d’une approche se voulant rationnelle, on voit parfois se dessiner le
projet inquiétant d’une pédagogie technoscientifique bâtissant l’image d’un corps

enfantin idéalement «normal», ce corps idéal avec lequel l’enfant réel doit impérativement

coïncider dans les différentes étapes de son développement. À ce projet normalisant, on
peut opposer l’importance des soins particuliers qu’exige le petit d’homme pour
s’humaniser. Loin d’être un objet dont l’éducation ne serait faite que de soins

physiologiques et d’alimentation, le nourrisson est d’emblée un être social, un sujet qui

cherche à se relier à son milieu par toute sa sensorialité, au premier rang de laquelle se
trouve sa peau; il est voué à communiquer par son sourire, par ses réponses au visage, à
l’odeur, à la voix connus. Son destin humain est d’accéder à l’univers symbolique, aux mots

dont la possession va faire éclater sa prison physiologique et lui ouvrir les portes de tout

un univers psychosocial. Il est aussi un être d’amour, dont les besoins affectifs
outrepassent la simple alimentation. Spitz dénonce ainsi l’aberration éducative suivante:

aux USA de 1918 à 1942, en vertu de recommandations officielles inspirées par un

242 Mannoni, Μ., Éducation impossible, Paris: Seuil, 1973, p. 10.

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