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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   «Les naufragés éphémères»


                   Notre aventure artistique et philosophique projetée allait bientôt trouver une autre forme,

                   une forme mieux appropriée encore à l’île de Leros. Dans le temps même où je découvrais
                   Leros, l’œuvre de Yves Henri prenait en effet une nouvelle tournure en ajoutant au «petit

                   peuple  des  guetteurs»,  et  dans  le  même  esprit  de  création  partagée,  la  flotte  de  ses
                   «vaisseaux  fantômes»;  et  de  surcroît  l’artiste  me  faisait  part  de  son  souhait  que  la

                   philosophie et le philosophe soient du voyage: artiste et philosophe embarqués ensemble,
                   et l’île de Leros parmi les toutes premières escales, notre compagnonnage de «naufragés

                   éphémères» commençait.
















                                                      Photographie 9

                   Les premières esquisses du «vaisseau fantôme» ont vu le jour au creux d’une péniche,
                   amarrée sur un quai de Saône, à Lyon: c’est à son bord qu’habite Yves Henri. Pour donner

                   son sol et son élan à cette nouvelle expérience de création partagée, l’artiste avait besoin
                   d’une  exposition  fondatrice.  Elle s’est  tenue du  5 mars  au  17  avril 2016,  à  la  galerie  La

                   Théorie des Espaces Courbes (La TEC), à Voiron, une ville à mi-chemin en Lyon et Grenoble.
                   Elle avait pour titre une phrase devenue comme le drapeau sous lequel se développent

                   désormais toutes les interventions, rencontres, créations, conférences, etc., nées dans le
                                                                                                   292
                   sillage du vaisseau fantôme: «Les naufragés éphémères s’en sont allés jouer ailleurs» .
                   C’est également sous cette bannière et dans le cadre de La TEC que s’est tenue la première
                   performance/conférence du philosophe – en écho à l’installation in situ de l’artiste.







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                      Cette phrase – ce vers – est emprunté au poème d’Anna Blondino qui a inspiré à Yves Henri la
                   thématique du vaisseau fantôme. Anna Blondino est le pseudonyme sous lequel la compagne de
                   Yves Henri, décédée en 2014, avait écrit ce poème inédit.



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