Page 223 - Amechanon_vol1_2016-18
P. 223
Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
«Les naufragés éphémères»
Notre aventure artistique et philosophique projetée allait bientôt trouver une autre forme,
une forme mieux appropriée encore à l’île de Leros. Dans le temps même où je découvrais
Leros, l’œuvre de Yves Henri prenait en effet une nouvelle tournure en ajoutant au «petit
peuple des guetteurs», et dans le même esprit de création partagée, la flotte de ses
«vaisseaux fantômes»; et de surcroît l’artiste me faisait part de son souhait que la
philosophie et le philosophe soient du voyage: artiste et philosophe embarqués ensemble,
et l’île de Leros parmi les toutes premières escales, notre compagnonnage de «naufragés
éphémères» commençait.
Photographie 9
Les premières esquisses du «vaisseau fantôme» ont vu le jour au creux d’une péniche,
amarrée sur un quai de Saône, à Lyon: c’est à son bord qu’habite Yves Henri. Pour donner
son sol et son élan à cette nouvelle expérience de création partagée, l’artiste avait besoin
d’une exposition fondatrice. Elle s’est tenue du 5 mars au 17 avril 2016, à la galerie La
Théorie des Espaces Courbes (La TEC), à Voiron, une ville à mi-chemin en Lyon et Grenoble.
Elle avait pour titre une phrase devenue comme le drapeau sous lequel se développent
désormais toutes les interventions, rencontres, créations, conférences, etc., nées dans le
292
sillage du vaisseau fantôme: «Les naufragés éphémères s’en sont allés jouer ailleurs» .
C’est également sous cette bannière et dans le cadre de La TEC que s’est tenue la première
performance/conférence du philosophe – en écho à l’installation in situ de l’artiste.
292
Cette phrase – ce vers – est emprunté au poème d’Anna Blondino qui a inspiré à Yves Henri la
thématique du vaisseau fantôme. Anna Blondino est le pseudonyme sous lequel la compagne de
Yves Henri, décédée en 2014, avait écrit ce poème inédit.
223