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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
le camp enclos des réfugiés jouxtant l’hôpital, en apercevant par-dessus ses murs sur un
terrain vague à l’abandon le toit d’une tente de l’ONU à présent désaffectée.
Une autre rencontre de ce premier séjour, décisive, fut celle de la Bibliothèque et de son
bibliothécaire, Dimitris Stamatelos. Dimitris comprit immédiatement notre projet. Son
engagement et son enthousiasme lui donnait d’un coup une réalité, un lieu, un partenaire:
de la chair. Nous passions du simple projet aux premiers pas de sa réalisation.
Avec Dimitris, et son compère Marcos Spanos, nous allions aussi prendre la mesure d’une
autre strate de la mémoire de Leros: celle de la guerre, des occupations italienne et
allemande, des nombreuses traces et blessures qu’elles avaient laissées au plus profond
de la terre percée de tunnels et d’abris. Les images que nous allions en emporter à la fin de
notre bref premier séjour commun étaient celle d’une bâtisse en ruines au sommet d’une
montagne, autrefois résidence militaire des occupants allemands, aujourd’hui refuges des
chèvres: y pénétrant, marchant sur une épaisse couche d’excréments, chassant devant
nous et derrière nous les chèvres par centaines, sur les pas de notre guide Marcos nous
découvrions, stupéfaits, à même les murs délabrés, «à fresque», de vastes peintures
murales, dont l’une n’était pas moins que la reproduction étonnamment talentueuse d’une
célèbre toile de Breughel.
Photographies 16
Photographie 17
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