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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
«Penser le corps: approches philosophiques»
Plus que l’image, le statut et la place du corps dans l’espace et le mécanisme éducatif, le
combat pour ou contre le dualisme corps-esprit, les passages entre intériorité et extériorité,
l’incorporé et le vécu, la représentation et la performance, la souffrance et le plaisir, le
rapport entre le beau et le laid et l’émergence du monstrueux, plus que la biopolitique et la
torture, l’intercorporeité et le regard, les mystères de la chair et de la sensibilité, la tension
entre distance et toucher, plus que le rapport entre geste et parole, la poétique d’ici et de là,
la vie et la mort, plus que le corps de l’art, la poétique du mouvement et de l’immobilité, le
miroir et l’opacité, l’éthique de la limite, l’expérience de la cruauté, plus que la nudité, la
«chose» [res] et la déshumanisation, le corps religieux et le corps extatique, la limlite visible
entre la vie et la mort, la trauma et la terre de la subsistance humaine - plutôt un piège pour
la pensée. Plus que le corps-spectre, le corps animal et le corps carnavalesque, le corps
construction et le corps projet, le corps vécu, le corps matière et le corps désir, plus que le
corps de la masse, le corps assemblage, le corps objet et le Cyborg et bien moins que tout
cela, qu’est-ce qui reste du corps, quels sont les corporels, les incorporés et les désincarnés?
Qu’en est-il de sa saisie philosophique et comment celle-ci informe t-elle l’aperception et
l’inclusion du corps à des expériences et des formes d’expression diverses?
Dans la foulée des «Journées d’Ateliers. Philosophie de l’Education en Praxis» [4ème
Rencontre] sur le thème de «Corps Philosophique / Corps en éducation» (Rhodes, 26-29 Mai
2016) les textes inclus dans la revue s’approchent du corps des points de vue différents en
mettant au clair d’une part les pointes auxquelles heurtent les efforts de définition, d’autre
part une ouverture génuine permettant des approches multiples pour son étude. D’un point
de vuε anthropologique, éducatif, phénoménologique, socio-politique, esthétique, éthique,
littéralement ou métaphoriquement, les aspects se multiplient agitant la question qui pour
l’éducation garde encore son sens, parce que les deux pôles également subsistent : est-ce le
corps (même par sa destruction) la réalité ultime, indépassable ou le porteur de sens gisant
au-delà du corps, l’incorporel, ou un tremplin entre le corporel et ce qui n’est pas corps,
organise notre existence? Une philosophie qui se révélera en tant que mouvement de mise
au clair des innommables ou des intouchables par l'éducation, c'est la philosophie pratique
qui est considérée comme un lieu d'hospitalité ainsi qu'en tant que labeur pour sa propre
transformation en un tel lieu - elle s'identifiera ainsi par son mouvement obstiné vers la
reconnaissance, l'intégration et la défense des mirabilia, des irréductibles, des indociles, des
désordonnés, de l'acte éducatif, à savoir de ceux qui se comportent comme des étrangers
soit à l'égard de la philosophie (par exemple le corps en tant que tel) soit à l'égard de
l'éducation (par exemple le corps en tant que «résidu» pédagogiquement non brûlé ou en
tant que signe éloquent de l'ordre éducatif. En fait, la philosophie n'a pu jamais échapper du
corps, même quand celui-ci apparaît comme un ludibrium materiae. Et l'éducation ne
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