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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
Photographie 39
Photographie 40
Il fallait donc décider de l’installation de la future sculpture du Vaisseau fantôme de Leros:
où? Chaque proposition était aussi, nous le comprenions à présent, une plongée dans la
mémoire de l’île, tout autant que dans l’idée – espérée, redoutée - que chacun avait de son
avenir. Le choix d’un lieu était le choix d’un sens assumé, ou bien implicite, et le porter était
afficher sa propre vision. Du côté de l’hôpital psychiatrique et du camp des réfugiés tout
proche? Mais c’était tirer fortement, trop ostensiblement pour certains, l’identité de l’île
du côté de son lourd passé asilaire, en l’associant de surcroît à la question très sensible des
réfugiés… Du côté du musée de la guerre? Nous y avions un moment songé, le lieu était
passager, mais c’était encore mettre le vaisseau fantôme dans le sillage d’une mémoire qui
en excluait peut-être d’autres, et puis, bien que passager, le lieu en raison de son
environnement peu aménagé pouvait paraître en voie d’abandon… Un horizon de sens
bien ambigu.
Il était trop tôt pour trancher, et l’urgence devenait d’ordre technique: trouver les outils et
les matériaux, trouver un atelier de travail suffisamment équipé, s’assurer des aides
compétentes, à commencer par celle qui permettrait au sculpteur sur métal de retrouver
son premier allié: le feu, la puissance du feu. La quête d’un poste de soudure, tel était à
présent notre Graal tout prosaïque.
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