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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
Si les objectifs de ce journal sont à mettre au clair, reconnaître, questionner, rouvrir les lieux,
les modes philosophiques ainsi que leur cartographie et kinésiologie singulières dans les
spacio-temporels de l’éducation, les modes, les formes, les replis, les récits, les in-corporations
de la philosophie pratique, la dé-reconstruction philosophique du concept de l’application, les
modes, les formes, les replis, les transmutations, les tournures de la philosophie appliquée, les
compréhensions philosophiques du concept, des apparitions, des mouvements, des voix de la
praxis au sein des formes de vie, néanmoins cela ne lui évite d’être un journal
perplexe/amechanon. Amechanon devant ce qu'il vise à faire, ces qui doivent apparaître, devant
leurs formes et leurs replis, les reconstructions et les rebondissements des sens, devant la
question du pratique et de l'application, de la philosophie elle-même et de la compréhension
philosophique. Amechanon comme inefficace, impuissant, inexpugnabilis, ineluctabilis,
inennarabilis, immensus, infinitus, incredibilis, comme un discours déconcertant, se tenant en
aporie devant ceux qu’il contient, devant le vaste, comme la mer de l’aporie socratique et son
stupeur – comme la stupeur. Discours étranger.
Ὦ Σώκρατες, ἤκουον μὲν ἔγωγε πρὶν καὶ συγγε-νέσθαι σοι ὅτι σὺ οὐδὲν ἄλλο ἢ αὐτός τε ἀπορεῖς
καὶ τοὺς ἄλλους ποιεῖς ἀπορεῖν· καὶ νῦν, ὥς γέ μοι δοκεῖς, γοητεύεις με καὶ φαρμάττεις καὶ
ἀτεχνῶς κατεπᾴδεις, ὥστε μεστὸν ἀπορίας γεγονέναι. καὶ δοκεῖς μοι παντελῶς, εἰ δεῖ τι καὶ
σκῶψαι, ὁμοιότατος εἶναι τό τε εἶδος καὶ τἆλλα ταύτῃ τῇ πλατείᾳ νάρκῃ τῇ θαλαττίᾳ· καὶ γὰρ
αὕτη τὸν ἀεὶ πλησιά-ζοντα καὶ ἁπτόμενον ναρκᾶν ποιεῖ, καὶ σὺ δοκεῖς μοι νῦν ἐμὲ τοιοῦτόν τι
πεποιηκέναι, [ναρκᾶν]·ἀληθῶς γὰρ ἔγωγε καὶ τὴν ψυχὴν καὶ τὸ στόμα ναρκῶ, καὶ οὐκ ἔχω ὅτι
ἀποκρίνωμαί σοι. καίτοι μυριάκις γε περὶ ἀρετῆς παμπόλλους λόγους εἴρηκα καὶ πρὸς πολλούς,
καὶ πάνυ εὖ, ὥς γε ἐμαυτῷ ἐδόκουν·νῦν δὲ οὐδ’ ὅτι ἐστὶν τὸ παράπαν ἔχω εἰπεῖν. καί μοι δοκεῖς
εὖ βουλεύεσθαι οὐκ ἐκπλέων ἐνθένδε οὐδ’ ἀποδημῶν·εἰ γὰρ ξένος ἐν ἄλλῃ πόλει τοιαῦτα ποιοῖς,
τάχ’ ἂν ὡς γόης ἀπαχθείης [Μένων, 80a-b]
J'avais déjà ouï dire, Socrate, avant que de converser [80a] avec toi, que tu ne savais autre
chose que douter toi-même, et jeter les autres dans le doute : et je vois à présent que tu me
fascines l'esprit par tes charmes et tes maléfices, enfin que tu m'as comme enchanté, de
manière que je suis tout rempli de doutes. Et, s' il est permis de railler, il me semble que tu
ressembles parfaitement, pour la figure et pour tout le reste, à cette large torpille marine
qui cause l'engourdissement à tous ceux qui l'approchent et la touchent. Je pense que tu
as fait le même effet sur moi : car je suis véritablement engourdi [80b] d'esprit et de corps,
et je ne sais que te répondre. Cependant j'ai discouru mille fois au long sur la vertu devant
beaucoup de personnes, et fort bien, à ce qu'il me paraissait. Mais à ce moment je ne puis
pas seulement dire ce que c'est. Tu prends, à mon avis, le bon parti, de ne point aller sur
mer, de voyager en d'autres pays : car si tu faisais la même chose dans quelque autre ville,
on te punirait bien vite du dernier supplice comme un enchanteur [Μénon, trad. Victor
Cousin].
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