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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
Dès que je l’avais vu apparaître, j’avais décidé que ce pouvait être ma version du vaisseau
fantôme, au moins à ce moment-là, et je l’avais aussitôt dit aux élèves, en leur indiquant du
doigt la forme circulaire, blanche et noire, qui épousait les plis du rideau et bougeait
lentement avec la respiration de la lumière. Avec Yves, ensemble, sans même nous
concerter, nous bénissions ce hasard, assisté des lois de l’optique, qui nous accordait une
aide précieuse pour arracher la figuration de notre vaisseau fantôme aux clichés et
stéréotypes; il donnait des ailes à l’imaginaire.
Le second souvenir tient en deux images. La première se souvient de ces deux élèves –
l’une d’entre eux, particulièrement, une jeune fille – qui se tenaient très en retrait, et
s’étaient refusés à s’engager dans la «performance» collective avec la grande bâche de
plastique. Après cette performance, lorsque les élèves s’étaient rassemblés autour de nous
pour évoquer le moment qu’ils venaient de vivre, pour nous écouter expliquer notre projet
de création et la part qu’ils pouvaient y jouer, cette jeune fille et l’un de ses camarades
étaient restés à l’écart, à l’arrière-plan, dans une sorte de hors-champ. Indifférents? Nous
avions échangé un regard complice, Yves Henri et moi-même, en découvrant que dans ce
hors-champ protecteur, ces deux «sceptiques», s’étant emparé des bribes de plastique
déchiré qu’avait laissées sur le sol la performance collective, s’adonnaient aux
improvisations plastiques et ludiques qu’avaient inaugurées leurs camarades.
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