Page 280 - Amechanon_vol1_2016-18
P. 280

Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   Le jeu, le symbole, la cérémonie: les invariants anthropologiques de l’art contemporain


                   Bachelard en main, Bachelard en tête donc, pour célébrer les éléments et leur puissance

                   imaginaire  et  philosophique  mêlée.  Je  dois  bien  l’avouer  à  présent:  lisant  et  relisant
                   Bachelard, le Bachelard des éléments, tout en m’engageant aux côtés de Yves Henri dans

                   la  création  et  la  «performance»  partagées,  artistiquement  et  philosophiquement
                   partagées, je découvrais dans mon vieux Bachelard une étonnante modernité, par-delà ce

                   matérialisme onirique un peu daté. Par-delà? Non, plutôt «au revers», comme son autre
                   face à laquelle j’avais été jusque-là peu attentif. Au revers d’une esthétique des éléments

                   et de la sensorialité, comme son autre face nécessaire, je retrouvais ce qui me sert depuis
                   quelque temps de boussole dans mes cheminements au cœur de l’art contemporain, et

                   tout particulièrement dans ma rencontre avec l’œuvre de Yves Henri et de quelques autres
                   comme celle de Joël Desbouiges: ces trois invariants anthropologiques que Hans George

                   Gadamer plaçait aux fondations mêmes de l’art et de l’esthétique, cette trilogie du jeu, du
                   symbole et de la cérémonie.


                   La trilogie de Gadamer m’est aussi précieuse que la démarche qui l’y a conduit. Si vous
                   voulez  tenter  de  combler  le  fossé  qui  trop  souvent  sépare  l’homme  et  la  femme

                   d’aujourd’hui de l’art d’aujourd’hui, expliquait-il, il faut en venir à ce qu’avec quoi renouent
                   plus que jamais les artistes d’aujourd’hui. Nul art plus que l’art contemporain, en dépit d’un

                   apparent paradoxe, n’aura été aussi près d’une commune humanité, de notre humanité en
                   partage: parce que les trois invariants anthropologiques au cœur de toute œuvre comme

                   au cœur de toute expérience esthétique sont au cœur de l’art contemporain.
































                                                           280
   275   276   277   278   279   280   281   282   283   284   285