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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   l’anthropophagie. Dans ce texte composé d'aphorismes, Oswald exalte la joie, la liberté
                   sexuelle, l’oisiveté et le courage des indigènes comme antidote contre les malheurs de la

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                   civilisation. «Tupi, or not tupi that is the question» . Le génie d’Oswald ne quittera jamais
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                   cette devise .

                   Cependant  l’anthropophagie  n’a  presque  jamais  été  pensée  dans  le  domaine  de
                   l’Éducation au Brésil. Au vingtième siècle, le deux plus grands penseurs de l’éducation sont

                   indubitablement  Anísio  Teixeira  (1900-1971)  et  le  plus  internationalement  connu  Paulo
                   Freire (1921-1997). Oswald n’a pas participé aux principales mobilisations de son temps

                   autour de l’éducation, comme le Manifeste de 1932, où des intellectuels comme Anísio et
                   des  écrivains  comme  Cecília  Meireles  (1901-1964)  ont  préconisé  la  mise  en  place  d'un

                   système d'éducation publique, laïque et gratuit pour tous, contre l'indifférence de l'Etat et
                   le monopole religieuse des institutions écolières. Dans les années 1920, Oswald de Andrade

                   était un «enfant terrible», un «playboy ultra-avant-gardiste» en quelque sorte déconnectée
                   des débats et des luttes des intellectuels plus engagés politiquement. Depuis 1931 jusqu’à

                   1945, l’écrivain se rapproche du Parti communiste et se met à la disposition de la cause des
                   travailleurs. Dans ce période, il n’a pas se dédier en particulier aux questions d'éducation.

                   C’est plutôt dans ses écrits plus philosophiques du période 1945-1954 et dans ses écrits
                   avant-gardistes  des  années  1920  que  nous  pouvons  extraire  la  force  et  l’importance

                   pédagogique des idées d’Oswald.

                   Il faut d’abord le reconnaître: une recherche rapide dans l'ouvre d'Oswald nous conduit à
                   la constatation qu’il ne parle presque jamais d’éducation ou de l’école, et qu’il utilise le

                   terme  «éducation»  souvent  comme synonyme  d’une  convention  autoritaire,  institution

                   patriarcale  et  conformiste  d’intériorisation  des  normes  sociales,  etc.  Le  Manifeste
                   anthropophage est clair à cet égard. Être «contre la mère des Gracques» veut dire être

                   contre une éducation morale rigide qui prend leurs enfants à la rage civilisatrice et à la
                   mort. Dans le Manifeste, Oswald oppose également la force barbare du bandeirante (le

                   pionnier)  João  Ramalho  au  projet  éducatif,  catéchétique  d’Anchieta  (jésuite  de  la






                   166  Ibid, p. 8.

                   167  Les lecteurs trouvent d’autres renseignements en français sur la vie et les œuvrés d’Oswald dans:
                   http://www.librairie-compagnie.fr/catalogues/26/129/6826




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