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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   en scène des corps de l’autre, par laquelle s’exerce le pouvoir quotidien des institutions qui
                   l’organise.  Comment  l’éducation  peut-elle  se  prémunir  contre  ces  constructions

                   fantasmatiques?  Le  but  à  rechercher  étant,  de  toute  évidence,  de  restituer  au  sujet  la
                   liberté  de  refuser  de  leur  donner  son  assentiment,  comme  expériences  faussées  et

                   manipulées. Pour y parvenir, je préférerai la philosophie aux approches psychanalytiques,
                   tout en reconnaissant leur importance critique.


                   Je prendrai comme point de départ une position philosophique: si le racisme peut être
                   analysé comme position individuelle, comme le résultat d’un processus que la psychologie

                   sociale met clairement en lumière, cela ne donne pas pour autant les clefs ni de sa genèse,
                   ni de la démarche par laquelle on pourrait le contrer. En effet, rien dans la position raciste

                   ne procèderait d’une «prédisposition naturelle» que la vie sociale ne ferait qu’exacerber. Il
                   ne s’agit donc pas de «protéger» les individus, encore moins de les «corriger», contre des

                   attitudes qu’ils auraient tendance à développer spontanément.


                   Méthode

                   Comment  caractériser  le  racisme  comme  objet  philosophique?  Il  faut  procéder  avec
                   méthode:

                   1) Le racisme, s’il n’est pas «spontané», est le résultat d’une construction et peut être

                   compris comme un faisceau d’attitudes politiques et sociales, donc de pratiques, soutenu
                   par des discours.
                   2) ces discours sont premiers par rapport aux attitudes: c’est la constitution d’un champ

                   de discours qui légitiment les pratiques.

                   3) cette constitution d’un champ discursif se donne comme une construction théorique se
                   présentant comme une science. Cette construction est une Théorie raciale, qui peut rentrer

                   en concurrence ou en conflit avec d’autres parce qu’elle prétend dire la vérité sur l’essence
                   sociale et le destin politique de l’homme à un certain moment de l’histoire.

                   4) cette théorie raciale a donc une fonction politique déterminante, mais n’est pas à elle
                   seule la «cause» du racisme. Une théorie raciale n’est influente que parce qu’elle converge

                   avec d’autres processus politiques.
                   5) les théories raciales émergent globalement à la fin du XIX ème  siècle.

                   Il faut donc questionner ce qui se noue, à la fin du XIX ème  dans le champ politique.






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