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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
Photographie 53
La conférence commençait en associant l’eau et la mémoire: leurs points de croisement
sont aussi des carrefours où se rencontrent, se mêlent et se séparent l’art et la philosophie,
la philosophie et la mythologie. Dans l’un de ses dialogues les plus célèbres, Platon raconte
à sa façon, par la bouche de Socrate, un mythe célèbre, qu’il emprunte à la tradition
orphique et pythagoricienne. Ce mythe se rapporte à la croyance en la réminiscence, la
croyance à la transmigration des âmes. Dans la littérature philosophique, ce mythe est
appelé «le mythe d’Er», parce que Er est le personnage qui aurait eu cette vision de l’après-
vie.
Le mythe raconte ce qu’il advient aux âmes après la vie. Chacune passe devant un juge.
Celui-ci, selon la bonne ou la mauvaise conduite de l’âme pendant sa vie mortelle, l’envoie
au ciel ou sous la terre. Commence pour chaque âme le long voyage vers une nouvelle vie,
vers la renaissance. Au bout de ce long voyage, plus long bien sûr pour les âmes envoyées
sous la terre, toutes les âmes se trouvent face à la déesse Ananké, personnification du
Destin. Alors chaque âme doit choisir un modèle de vie, qui correspond à la vie qu'elle
mènera quand elle se sera incarnée une nouvelle fois, dans un nouveau corps.
Après cela, les âmes se mettent en route vers la plaine de Léthé (synonyme d'oubli en
grec), pour boire l'eau d'un fleuve qui s'y trouve. Cette eau leur fait oublier le souvenir de
leur vie passée. Alors un «coup de tonnerre» survient et chaque âme se trouve transportée
vers le lieu de sa naissance, c'est-à-dire dans le corps où elle va s'incarner.
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