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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
Mais qu’est-ce qu’un symbole? Vous le savez sans doute déjà, le mot symbolon désignait dans la
Grèce ancienne une tradition d’hospitalité. Lorsque vous étiez reçu, hébergé chez un hôte, au
moment de se quitter on cassait en deux une pièce de poterie, une coupelle, le symbolon. Vous
quittiez la maison avec votre moitié de la poterie rompue, mais aussi avec une dette et une
promesse de réciprocité. Si un jour quelqu’un frappait à votre porte, et vous présentait l’autre moitié
de votre pièce de poterie, le tout était reconstitué et l’hospitalité rendue. Un symbole, c’est donc à
la fois ce qui unit, ce qui fabrique du lien, et la mémoire reconstituée. Tout œuvre d’art est un
symbole de ce type. Je crois que l’œuvre de Yves Henri l’illustre fortement.
Nous pourrons le vérifier dans la performance artistique et philosophique que nous allons vous
proposer de vivre avec nous dans un moment; mais avant, après m’avoir écouté, et je vous en
remercie, voici venu le temps des questions et des échanges.
Alain Kerlan
L’art La mémoire L’histoire, Conférence
Leros, le 26 octobre 2016 (Extraits)
De la conférence à la «performance»
Et puis le public s’est installé en cercle, autant que faire se peut, dans l’espace de la
bibliothèque où s’était tenue la conférence. J’avais en mains et en tête quelques extraits
de L’eau et les rêves, dont je commençai à lire la première phase après un préambule
pendant lequel Yves Henri commençait à déployer entre les mains des auditeurs la bâche
aérienne qui était et demeure le support et le matériau de nos interventions, quel que soit
le «public», enfants, adultes, grands et petits: en ce qui concerne l’imaginaire des éléments,
tous sont logés à la même enseigne, participent d’une même humanité. C’était, c’est
encore notre conviction, notre pari.
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