Page 249 - Amechanon_vol1_2016-18
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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   En commençant par le rappel de ce célèbre mythe platonicien, la conférence ouvrait la

                   réflexion aux carrefours d’une poétique des éléments et d’une philosophie de la mémoire
                   et de l’histoire.



                                              Quelques leçons du mythe d’Er



                                                  Que retenir de ce mythe?

                   1) Pour moi, en premier lieu, la présence des quatre éléments fondamentaux: L’air (le ciel), la terre,
                   le feu (le tonnerre) et l’eau (le fleuve Léthé).

                   Ce simple constat conforte considérablement la thèse du philosophe Gaston Bachelard, qui pensait
                   que toute l’imagination humaine, toute la culture et ses légendes, toute la poésie, s’enracinent dans
                   les éléments, s’en nourrissent, s’y régénèrent. Bachelard avait même cette magnifique vision de

                   l’existence humaine: chaque être humain, en tant que «savant», que «technicien», décompose la
                   matière  en  atomes,  neutrino  et  autres  corpuscules,  «casse»  les  éléments,  –  mais  en  tant  que
                   «poète», que «rêveur», dans sa vie nocturne, il retrouve la puissance primitive des éléments dans le
                   déploiement de sa vie imaginaire.

                   Je vous invite à penser notre vaisseau fantôme à la lumière de cette poétique des éléments.

                   2)  Mais  il  y  a  plus  encore  dans  ce  mythe,  et  qui  touche  directement  à  notre  sujet  du  jour:  LA

                   MEMOIRE. Vous l’avez sans doute déjà noté: pour renaître, les âmes doivent boire les eaux du Léthé,
                   les eaux du fleuve de L’OUBLI. Pourquoi? Par que c’est par la mémoire que nous avons une vie, une
                   histoire dont nous pouvons faire le récit, une histoire qui fait de chacun de nous l’être vivant qu’il

                   est. La mémoire est donc le fait fondamental du vivant, car le vivant dure. Dans le mythe d’Er, toutes
                   les âmes se réincarnent, même celle des animaux; ainsi le Cygne choisit de se réincarner dans une
                   existence humaine…


                                                                                            Alain Kerlan
                                                                     L’art La mémoire L’histoire, Conférence

                                                                         Leros, le 26 octobre 2016 (Extraits)

                   A l’entrée même de notre cheminement, nous rencontrions bien sûr le Bergson de Matière
                   et  Mémoire,  incontournable,  mais  pourtant  complexe,  incroyablement  audacieux,

                   dérangeant même, et que je redécouvrais en préparant la conférence. Le passé serait donc








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