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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
Photographie 66
L’impatience était encore plus grande chez les petits élèves de Lakki. Sous la conduite de
leur enseignante, Foffi, «l’esprit» du travail de Yves Henri avait soufflé parmi eux: leurs
bateaux s’inspiraient des œuvres du sculpteur que nous leur avions présentées.
Pour eux toutefois l’événement qui associerait leurs bateaux à la sculpture monumentale
en une vaste Armada était un horizon encore trop lointain, leur attente était pour
l’immédiat, pour le retour dès à présent de la joie et des sensations que leur avait procurées
la vaste bâche aérienne que nous avions déployée pour eux lors de notre première
intervention. Je n’en étais nullement surpris et nous nous y étions préparés: retenu à
l’atelier, Yves Henri m’avait confié ce précieux viatique. Avec l’aide Foffi, de Chara qui nous
avait rejoints, j’avais donc invité pour leur plus grande joie les enfants assis à leur table de
classe à déployer lentement au-dessus d’eux la bâche aérienne, à la laisser glisser et
onduler, à onduler eux-mêmes avec elle, à sentir son froissement sous leurs doigts, à
accompagner ses mouvements de leurs propres mouvements. Bientôt la bâche avait
commencé à se découper sous leurs doigts. Des sculptures éphémères et aériennes
naissaient de leurs gestes. Je leur avais alors demandé de «bouger» avec les découpes de
plastique, de les mettre en mouvements, et j’avais invité ceux qui le voulaient bien – ils
avaient été nombreux– à venir à côté de moi pour montrer aux autres les mouvements
choisis.
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