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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
Image 22: La persistance de l’école-prison
Il faut aussi pointer cet étonnant paradoxe: le discours sur l’enfant-sujet s’accompagne
fréquemment d’une surprotection et d’un contrôle démesurés qui, dans les faits, portent
la marque d’un paternalisme tendant à limiter autant que faire se peut la marge de liberté
de l’enfant et à surveiller les moindres manifestations de son corps. D’où une surprotection
et une suroccupation de l’enfant, une surveillance conjointe de l’école et de la famille, un
enfermement hors des espaces de développement autonome, une pédagogisation des
loisirs, etc. L’enfant de l’hypermodernité est bien souvent confronté à la double injonction
paradoxale à l’épanouissement autonome et à la performativité contrôlée.
Enfin, l’enfant-personne est absorbé tout entier dans l’univers mercantile: vecteur
publicitaire, il est aussi une cible publicitaire, eu égard au fort «segment de marché» qu’il
constitue. Les «communicants» et les «commerciaux» ne s’y trompent pas lorsqu’ils usent
et abusent de l’image du corps enfantin pour promouvoir les produits dont ils tirent leurs
bénéfices.
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