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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846

la hausse vertigineuse de la consommation des «pilules de l’obéissance» censées traiter les
troubles de l’attention et de l’activité…

Image 16: la chimie à l’assaut de l’enfance

L’enfance-sujet

Il nous reste à aborder la quatrième représentation générique de l’enfant en Occident, celle
qui pose l’enfant comme un sujet et personnalise les enfants, conformément à la

protestation existentialiste de Simone de Beauvoir: «la condescendance des adultes
transforme l’enfance en une espèce dont tous les individus s’équivalent: rien ne m’irritait

davantage. […] Mes goûts ne m’étaient pas dictés par mon âge; je n’étais pas "une
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enfant": j’étais moi» .

La singularité, la liberté et la dignité sont les principales caractéristiques fondamentales

incluses dans le noyau de cette catégorie de représentations de l’enfance posant l’enfant

comme une personne. Très «modernes», ces traits innervent les représentations de
l’enfant en Occident depuis quelques décennies, en lien avec la poussée de l’individualisme

démocratique.

L’image de Gavroche, ce gamin de Paris au corps rebelle, a anticipé sur cette «révolution
de l’enfance» qui mûrit progressivement au fil des révoltes populaires du XIXe siècle. Mal

peigné, mal habillé, peu «policé», ce gamin rompt avec les images de l’enfant-modèle et
intègre le monde des adultes, dont il partage les aspirations et les sentiments. C’est ici une

véritable personne enfantine qui émerge et bouscule l’univers bien sage de la littérature
moralisatrice, tels les ouvrages emblématiques de la Comtesse de Ségur.

244 Beauvoir, S., D., Mémoires d’une jeune fille rangée, Paris: Gallimard, 1976, p. 83.

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