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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   créateurs de relations sociales et de réseaux d’amitié, ils participent au renforcement des
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                   liens collectifs et communautaires .


                   L’obsession du corps

                   À  l’époque  de  l’Antiquité  grecque  déjà,  la  forme humaine,  la  beauté  du  corps  humain
                   constitue l’un des grands thèmes des arts plastiques. Au Moyen Age, c’est le corps divin

                   sous la figure du Christ qui devient le thème central. Le spectre des représentations du
                   corps du Christ va du Pantocrator au Christ souffrant. À l’époque de la Renaissance, c’est

                   le disegno qui joue un rôle central, c’est-à-dire l’ébauche des dessins du corps humain par
                   laquelle l’artiste exprime son pouvoir et sa créativité. C’est toujours la compréhension que

                   l’être humain a de lui-même qui s’exprime dans les représentations du corps d’une époque
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                   donnée . Dans les arts plastiques de l’époque contemporaine, le corps joue également un
                   rôle important. Ceci apparaît clairement dans la peinture de Jackson Pollock: les images s’y
                   constituent à partir du dripping, c’est-à-dire des mouvements et des gestes du corps de

                   l’artiste. Ici, l’image n’est plus constituée à partir du trait tracé de façon consciente, mais à
                   partir du mouvement rythmique du corps. Le corps féminin constitue le thème central de

                   l’œuvre de Niki de Saint Phalle. Dans les performances «Tir» des années soixante, l’artiste
                   tire  sur  des  images  la  représentant  elle-même  afin  de  se  décharger  de  son  énergie

                   destructrice. Dans les «Nanas», il est question du pouvoir du corps maternel, féminin. Dans
                   certaines de ses œuvres, les représentations du corps féminin atteignent une grandeur

                   gigantesque. On a vu naître des corps de femmes sous le nom de «Fiancées», «Naissances»,
                   «Prostituées»,  «Sorcières»,  «Déesses».  Par  la  suite,  il  y  a  eu  des  projets  architecturaux

                   publics. Et toujours à nouveau ont surgi des variations sur un thème, celui du corps féminin,
                   du corps menacé par des forces qui le défigurent et face auxquelles s’imposent la force

                   vitale et la volonté de vivre de l’artiste. Le corps humain et ses symbolisations ont été

                   depuis  toujours  un  thème  central  des  arts  plastiques.  À  partir  de  la  perspective
                   anthropologique, le spectre étendu de ses figurations se comprend comme la recherche
                   continuelle menée par l’homme pour se comprendre lui-même.






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                     Wulf, C., Anthropologie de l’homme mondialisé, op.cit.; Wulf, C., et al., Les rituels comme pratiques
                   sociales, Paris: L’Harmattan, 2004.

                   47  Wulf, C., Bilder des Menschen. Imaginäre und performative Grundlagen der Kultur, op.cit.



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