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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



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                   L’origine des fêtes des chants se situe dans la deuxième moitié du XIX  siècle, au moment
                   où les Estoniens et les Lettons, après l’abolition de l’esclavage, cherchaient à trouver et à

                   exprimer  une  identité  culturelle  dont  ils  avaient  été  dépossédés  sous  la  domination
                   allemande.  Avec  la  domination  soviétique,  les  traditions  culturelles  de  ces  pays  furent

                   également considérablement restreintes. Ainsi, lors des fêtes de chants, n’avaient-ils pas
                   le  droit  d’entonner  des  chants  patriotiques  qui  étaient  devenus  en  1918  des  hymnes

                   nationaux, comme en Estonie le «Mu isamaa, mu önn ja rööm» (Ma patrie, mon bonheur
                   et ma joie), et en Lettonie le «Dievs, sveti Latviju» (Que Dieu protège la Lettonie!). Il n’est

                   donc  pas  étonnant  que  ces  pays  aient  inscrit  leurs  traditions  chorales  sur  la  liste  du

                   Patrimoine culturel immatériel de l’humanité et que le concept de «révolution chantée» ait
                   trouvé sa place parmi les traditions culturelles européennes.

                   En  Allemagne  aussi,  les  chorales  constituent  une  composante  du  patrimoine  culturel

                   immatériel.  On  en  compte  une  diversité  extraordinaire.  D’après  les  données  des
                   associations  de  chorales,  il  existe  environ  45  000  chorales  réunissant  1,4  millions  de

                   chanteurs et de chanteuses, auxquels il faut ajouter tous les amateurs de musique vocale
                   chantant hors chorale instituée et difficilement répertoriables. Après les jeux et le sport, le

                   chant en commun semble être la forme active de loisir la plus répandue. On distingue des
                   chorales religieuses et des chorales laïques, des chorales d’hommes et de femmes, des

                   chorales d’enfants et d’adolescents. Et on peut distinguer aussi des chorales mixtes et des
                   chorales  chantant  à  l’unisson,  des  chorales  liées  à  une  institution  ou  des  chorales

                   indépendantes. Parmi toutes ces chorales, un nombre important (plus de 10 000) ont plus
                   de cent ans d’âge, et certaines peuvent se prévaloir d’une fondation plus ancienne encore,

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                   au XVI , au XVII  et au XVIII  siècle. La Chorale de la Cathédrale d’Aix-la-Chapelle revendique
                   d’avoir été fondée sous Charlemagne, soit environ cent ans avant la propagation de la
                   polyphonie européenne. L’Académie du Chant de Berlin, fondée en 1791, est considérée

                   comme la chorale mixte la plus ancienne. De nos jours a lieu tous les quatre ans un concours
                   des chorales allemands.

                   Pour autant que l’on puisse compiler des données à un niveau mondial, on est étonné de

                   constater une augmentation s’élevant à près de 50 % depuis 2002 du nombre des chorales
                   et des chanteurs et chanteuses pratiquant activement et régulièrement le chant, soit une

                   augmentation de un milliard à un milliard et demi de personnes. Ces chants rituels sont








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