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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   indigènes). Mais Oswald soutient aussi que les sociétés modernes sont trop dominées par
                   l'usure, le capital, l'usurier. La lutte contre le patriarcat est donc aussi la lutte contre les

                   forces d'exploitation qui cherchent à détourner les bénédictions de l'ère technique. Le
                   drapeau  matriarcal  est  un  drapeau  socialiste.  Tous  les  textes  écrits  dans  les  dernières

                   années de la vie d'Oswald sont traversés par cette prise de conscience de la nécessité de
                   réinventer la vie sociale à partir des images «primitivistes», «matriarcales», de surmonter

                   l'exploitation  économique  et  les  vocabulaires  artificiels  de  la  ville,  inséparables  d'une
                   «conception messianique de la vie», d’une rédemption individualiste du sacrifice social,

                   toujours reportée à un futur incertain. L’affirmation d’une oisiveté gaie qui découle de la

                   technique  n’est  pas  un  pari  naïf  sur  une  (improbable)  future  solution  des  problèmes
                   sociaux, économiques et écologiques. Elle est l’affirmation d’un autre regard sur cette
                   technique qui nous avons déjà disponible. Les indigènes travaillent autour de quatre à cinq

                   heures par jour avec une technologie infiniment moins puissant que la notre et passent le

                   reste de la journée en repos, en faisant la fête, à jouer, en faisant l'amour, adorant les dieux,
                   etc. Une pédagogie anthropophagique est bref une perspective d’éducation qui affirme

                   cette  scène  amérindienne  comme  le  sommet  de  tout  le  développement  économique,
                   affective, sociale et existentiel de l’humanité. Tupi or not Tupi, that’ s the question.



                   Filipe Ceppas de Carvalho e Faria

                   filcepps@gmail.com
                   http://lattes.cnpq.br/9172119452015896
                   http://dgp.cnpq.br/dgp/espelhogrupo/5953279550607900

                   http://www.lefgb.fe.ufrj.br


                   Enseignant-chercheur à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (Brésil), coordinateur du Groupe de Recherche
                   sur  la  Philosophie  Française  Contemporaine  (NuFFC-CNPq)  et  du  Laboratoire  de  l'Enseignement  de  la
                   Philosophie Gerd Bornheim (LEFGB). Diplômé en philosophie en 1993 à l'Universidade Nacional de Brasília
                   (UnB),  il  a  soutenu  sa  thèse  de  doctorat  intitulée  «Formation  philosophique  et  critique.  Adorno  et
                   l’enseignement de la philosophie» sous la direction de Leandro Konder, à la Pontifícia Universidade Católica do
                   Rio de Janeiro (PUC-Rio), en 2003. Il a fait ses études post-doctorales àl’universitéde Paris 8, en 2009, dans le
                   cadre du projet de recherche CAPES-COFECUB, «Apprentissage de la pensée et politique éducative: philosophie

                   contemporaine  et  éducation».  Il  participe  depuis  2014  du  projet  de  recherche  CAPES-COFECUB  entitulé
                   «Différence,  pluralisme  et  confiance  en  éducation  et  formation».  Ses  travaux  de  recherche  portent  sur
                   l'éducation et la philosophie, et l'enseignement de la philosophie, autour des concepts d'émancipation et
                   d'anthropophagie, dans la interface entre la philosophie et l'anthropologie.





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