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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
premiers. Il est dans l’ordre de la nature qu’on entre dans le monde par la tête et
qu’on en sorte par les pieds» 240 .
Selon cette croyance en l’effet néfaste d’une présentation par les pieds, le corps de l’enfant
Néron aurait subi une double malédiction puisque sa mère elle-même – son nom l’atteste
– avait déjà connu une naissance anormale.
À notre époque, sans empêcher la persistance de ces croyances, le corps de l’enfant est
massivement et précocement investi par des procédures objectivantes. Dans toute salle
d’accouchement occidentale, à l’heure actuelle, le nouveau-né à peine apparu est déjà
soumis à une testologie et à une anthropométrie pointilleuses; peut-être utiles pour
s’assurer de son état physique, elles s’avèrent en tous cas très marquées par une
représentation objectivante de l’enfance.
Image 13: un corps à la «bonne mesure»
C’est donc dès l’intervention de l’obstétrique que l’enfant est traité comme un objet:
«sourd, aveugle, insensible, on m’avait enseigné que l’enfant était comme
anesthésié au moment du passage; on pouvait le manipuler, le peser, mesurer,
échographier, examiner: il n’était qu’un paquet de chair humaine animée de
241
réflexes archaïques» ,
relève ainsi Bernard This.
Une forte contestation de cette numérisation du corps enfantin se fait toutefois entendre,
comme en témoigne Maud Mannoni: «une situation peut ainsi se créer où parents,
240
Pline dans: This, B., Naître... et sourire, Paris: Flammarion, 1983, p. 252.
241 Ibid.
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