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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



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                   tant d´insolence qu´Aristote l´accuse d´avoir péché contre le principe de la contradiction» ,
                   ce qui nous permets de penser à une autre logique pour Héraclite, différente de celle du
                   syllogisme Aristotélicien.

                   Curieusement, un autre de ses aphorismes reprend exactement l'idée à laquelle les enfants

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                   du groupe ont pensée: «Le chemin qui monte et qui descend est le même» , cequi nous
                   amène à valider philosophiquement la pensée de l´enfant, même si dans un premier temps,

                   elle semblait impensable. Lorsque j'ai partagé avec eux cette idée du philosophe, nous
                   eûmes tous le sentiment d'une rencontre et d´une certaine reconnaissance pour les idées

                   qui avaient été partagées entre les enfants.

                   Nous  pouvons  donc  percevoir  ces  deux  pratiques,  celle  de  l'art  comme  celle  de  la

                   philosophie avec les enfants, comme ayant des enjeux semblables car, dans les deux cas, il
                   a été question notamment de déconstruire les apprentissages de l'adulte, ses certitudes et
                   ses convictions, pour pouvoir co-créer avec les enfants. Ce 'désapprentissage' a permis de

                   plonger dans l'enfance, vers un devenir-enfant, créant ainsi les conditions nécessaires pour

                   une véritable rencontre entre l'adulte et l'enfant et, simultanément, un nouveau champ de
                   propagation de création et de pensée. Pour que la réflexion s'ouvre à la nouveauté et à la

                   différence, il a fallu que quelque chose venu de l'enfance, relevant de l'étonnement ou de
                   l'admiration, puisse venir contaminer le questionnement, aussi bien chez l'adulte que chez

                   l'enfant. Il a fallu que la pensée soit traversée par un devenir- enfant. Comment ne pas voir
                   les  possibilités  que  ce  travail  ouvre,  comme  contribution  décisive  d'autres  projets

                   artistiques et éducatifs? Si, comme le dit ce magnifique poème de Fernando Pessoa, «Ce
                   que nous voyons, nous devons toujours le voir pour la première fois, car c'est réellement la

                   première fois que nous le voyons. [...] Il est dommage que les gens n’aient pas exactement
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                   les yeux pour savoir cela, car nous serions alors tous heureux» . N’est-il pas vrai que le
                   spectacle Et si tout était jaune?, ainsi que les démarches qui ont été entreprises concernant
                   les divers procédés de création ainsi que les ateliers de philosophie avec les enfants, nous

                   indiquent l'idée même d'une école heureuse?



                   454  Ibid.

                   455
                      Kohan, W., O., Pensar com Heráclito, Rio de Janeiro: Ed. Lamparina e FAPERJ, Aforismo 60, p.
                   18.

                   456  Pessoa, F., In Notas para a recordação do meu mestre Caeiro, Lisboa: Edições Ática, 1980.



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