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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   délimitées. Ce nouveau terrain de l´enfance serait plutôt celui de la philosophie.


                   S'il est certain que mon expérience et ma recherche dans le domaine de la philosophie avec

                   les  enfants  a  influencé  l´analyse  présentée  précédemment  autour  des  processus
                   artistiques en jeu dans la création du spectacle «Et si tout était jaune?», réciproquement, le

                   fait d'avoir participé à cette création, et plus spécifiquement à la scène du Canapé Jaune, a
                   provoqué  une  transformation  dans  la  manière  dont  je  conçois  habituellement  cette

                   pratique. Ainsi, lorsque Silvia, m´a invitée à animer des expériences de réflexion avec les
                   jeunes  interprètes,  nous  étions  loin  d´anticiper  ce  qui  allait  surgir  de  ces  rencontres.

                   D´ailleurs, notre collaboration débuta par des conversations autour de son travail. J´ai donc
                   commencé par assister aux répétitions et nous discutions à l´issu de chaque séance. Ce

                   n´est que par la suite qu´elle me proposa d´expérimenter la philosophie avec les enfants. À
                   partir de ces séances de philosophie – des questions et des idées qui y naissaient – des

                   rencontres et des échanges avec l´artiste, s'est instauré un nouveau terrain de confluence
                   entre l´enfance, l´art et la philosophie, qui a permis également de créer la scène du Canapé

                   Jaune,  celle  où  justement  ont  lieu  des  discussions métaphysiques. «Ces enfants aiment
                   penser  et  veulent  manifester  leurs  opinions».  –  explique  Silvia.  «L´argumentation  se

                   développe simultanément avec le corps. La  pensée est chaque fois plus intense. Cela a

                   suscité,  en  moi,  l´envie  d´  inclure  les  conversations  philosophiques  dans  le  spectacle».
                   Inspirée et surprise par la force du questionnement philosophique des interprètes durant
                   les  séances,  l'artiste,  a  donc  opéré  une  transformation  en  transportant  sur  scène,  le

                   moment  de  la  conversation  philosophique,  tout  en  lui  attribuant  ainsi  une  nouvelle

                   dimension  artistique,  notamment  à  travers  l'écriture  d'un  texte  et  la  création  de
                   personnages dont le nom est indiqué ci dessous après chaque reprise. À ce moment du

                   spectacle, le mouvement des corps cesse pour faire donc place à celui des idées et à la voix
                   des enfants qui, incarnant divers personnages, se regroupent pour échanger des idées

                   autour de thèmes métaphysiques: «Et si tout était jaune?»- se demande Esdrubaldina. «Si
                   tout était jaune on ne saurait  pas ce que c´est… le  bleu»,  lui  répond  Castro  Ocular  avec

                   conviction. «Pourquoi?» insiste-t-elle. «Si tout était jaune, le jaune ne serait pas une couleur,
                   il n'existerait même pas» explique Uta. «Car pour que le jaune existe, il faut que toutes les

                   autres couleurs existent!» conclut Xabanú. «Et si les réponses étaient toujours ‘oui’?»  –
                   questionne Christine.


                          «On  ne  connaîtrait pas le  mot  non»-  répond  Uta.  Suite  à  cette  réponse,  Jamais

                          propose une nouvelle idée: «Si je demande: -Est-ce qu´il va pleuvoir demain?, on me



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