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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   rapproche  du  principe  de  la  raison  suffisante  de  Leibniz,  soit  de  façon  synthétisée:

                   «Pourquoi existe- t-il quelque chose plutôt que rien?». Établir une proximité entre une idée
                   d´un enfant et celle d´un philosophe nous ramène à la question de savoir si l´enfant est ou
                   non philosophe. L´enfant, libre de tout préjugé et d´une vision rigide  sur le monde, se

                   trouverait à priori sur le terrain de la philosophie. Ainsi, il n´aurait pas à effectuer une série

                   de  démarches  pour  pouvoir  accéder  à  ce domaine,  il  s´Y  trouverait dorénavant,  et ce,
                   même sans être philosophe. Les grandes questions de la métaphysique comme celle de

                   Nuno,  et  d´autres  encore  concernant  l´existence,  l´univers,  le  monde,  le  langage  etc.,
                   seraient intrinsèques à l´enfance.


                   D´après une étude de l'UNESCO parue en 2007, La philosophie une école de la liberté, les

                   enfants peuvent ressentir des angoisses existentielles qui ne relèvent pas de la psychologie
                   et qui du moment qu´ils peuvent les exprimer, les partager, et même en faire un sujet de

                   discussion, comme il est le cas à travers la pratique de la philosophie avec les enfants, cela
                   permets aux enfants qui les éprouvent de dépasser ces émotions et par ce biais de sortir

                   également  d´une  certaine  solitude  existentielle.  La  pratique  de  la  philosophie  avec  les
                   enfants,  lance  à  l'école  plusieurs  défis,  dont  celui  d´élargir  l'espace  de  la  liberté

                   d'expression  et  aussi  d´accueillir  un  nouveau  type  de  questionnement  intrinsèque  à

                   l'enfance, qui habituellement n'y trouve pas de place. D´autre part, tel qu´on peut le vérifier
                   à  travers  une  autre  interrogation  qui  suit,  il  est  important  de  souligner  que  le
                   questionnement philosophique des enfants rompt avec un certain savoir qui serait déjà

                   établi ou programmé par l´école. Pour Pedro, âgé de neuf ans, il est difficile d´arriver à

                   comprendre si l´infini existe, car il n´est pas localisable. Pourtant si on pouvait définir un
                   endroit pour situer l´infini, il ne s´agirait plus d´infini, d´où la question: «L´infini, ça existe ou

                   pas? Car pour qu´il existe il faut que tu saches où il est exactement. Si tu ne peux pas dire
                   où il est ‘ici, là ou là’, alors il n´existe pas. Mais si tu arrives à indiquer un endroit pour dire où

                   il est, alors, ça ne peut pas être l´infini, c´est du fini. C´est un problème!». Compte tenu de la
                   manière dont ce problème est posé et de son contenu philosophique, il est clair que cette

                   question dépasse les attentes d´un adulte envers un enfant, ce qu'il est capable de dire, de
                   penser  ou  de  faire.  Dans  ce  sens,  on  peut  affirmer  que  la  question  de  Pedro  est  non

                   seulement  philosophique  comme  imprévisible,  non  programmée,  inattendue,  nouvelle.
                   Ainsi,  il  se  peut  que  la  pratique  de  la  philosophie  avec  les  enfants  relève  donc  d´une

                   conception  de l´enfance différente de celle qui  est  donnée,  par  exemple  par  certaines
                   théories de la psychologie où il est le sujet d´étapes ou de phases de développement bien





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