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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   Mise en scène et représentation

                   Le deuxième aspect a trait à ce qui se passe lors de la mise en scène et de la représentation

                   corporelle  des  danses.  Les  acquisitions  mimétiques  qui  s’effectuent  alors  le  sont  par

                   référence  aux  possibilités  d’expression  et  de  mouvement  déjà  assimilées  dans  la  vie
                   quotidienne,  dans  les  cours  de  danses  ou  dans  les  représentations  données
                   antérieurement. Du fait du caractère mimétique de ces références il s’ensuit que chaque

                   représentation dansée constitue une représentation nouvelle. Certes la mise en scène fixe

                   le  cadre  commun  de  la  représentation  mais  pour  chacun  des  danseuses  et  danseurs,
                   chaque  danse  est  l’objet  d’une  représentation  singulière,  en  référence  à  un  savoir

                   mimétique déjà constitué.

                   Outre ce savoir incorporé, l’échange mimétique avec les autres danseurs et danseuses lors
                   d’une représentation joue un rôle décisif. Chaque danseur doit produire et représenter ses

                   propres mouvements en relation avec ceux des autres. Ces mouvements s’accomplissent
                   dans le temps et dans l’espace qui forment le cadre de la représentation dansée et qui sont

                   un  élément  essentiel  pour  l’émergence  de  l’expression  et  des  mouvements  corporels.
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                   Rappelons  ici  ce  que  Walter  Benjamin   raconte  dans  son  Enfance berlinoise  vers  1900:
                   comment, enfant, il s’approprie mimétiquement le monde – les rues, les places publiques,
                   les  pièces  de  la  maison  familiale  –  en  établissant  des  ressemblances  magiques  ou

                   symboliques entre lui et les espaces et objets du monde extérieur. Par analogie, on peut

                   parler d’une assimilation des danseurs à l’espace et au temps de la représentation qu’ils
                   sont  en  train  de  donner.  Cette  ouverture  d’eux-mêmes  à  l’espace-temps  de  la
                   représentation s’accomplit dans la dynamique interactive des mouvements individuels et

                   des mouvements collectifs, dans la résonance des mouvements et des sons.



                   Expérience esthétique

                   Le troisième aspect renvoie aux processus mimétiques intenses qui s’accomplissent entre

                   les  danseurs  et  les  spectateurs.  L’expérience  esthétique  des  spectateurs  est  liée  à  la
                   perception mimétique qu’ils ressentent dans leur corps des mouvements de la danse. Il

                   résulte de cette re-présentation des mouvements et de la musique une synchronisation
                   entre les danseurs et les spectateurs qui recréent corporellement les mouvements qu’ils



                   38  Benjamin, W., Berliner Kindheit um neunzehnhundert, Berlin: Suhrkamp, 2010.



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