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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   dire à l’intérieur des limites de la condition humaine, en laissant le corps agir de lui-même
                   en regard d’un but immanent. Cela peut vouloir dire exercer son corps au minimum: le

                   ménager. Donc s’entraîner à l’économie. Cela peut signifier aller le plus vite possible avec
                   le moins d’efforts possible. Ce n’est pas une contradiction. C’est une façon de trouver le

                   juste milieu.

                   Lorsqu’il s’agit de faire du «bien», il est de mise d’agir le moins possible, ce qui n’indique

                   aucunement «ne rien faire». C’est d’un rapport dialogique dont l’être humain a besoin, dans
                   lequel il chercherait à comprendre ce que son corps a à lui faire comprendre, faisant ainsi

                   de l’entraînement sportif une activité qui saisit l’homme dans son intégralité pour le révéler
                   à lui-même.



                   La nature du jeu

                   Il existe une correspondance entre l’essence ludique des activités motrices et sportives et

                   notre rapport à celles-ci dans un jeu dialogique et dans un questionnement philosophique.

                   Qu’en est-il exactement du jeu? Qu’est-ce qui émerge avec le jeu? Contrairement à ce que
                   l’on pourrait facilement penser, le jeu n’est pas une activité qui va de soi et qui serait facile
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                   à comprendre , même si nous vivons déjà dans une compréhension du jeu . Poser la
                   question, c’est établir une distance avec ce qui se tient dans la proximité. C’est amener au

                   concept, à l’idée, notre insertion naïve dans le monde. Il s’agit d’opérer le passage de
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                   nature à culture en ébranlant «l’immédiateté de l’accomplissement de notre vie» .

                   Huizinga et Fink partagent l’idée que l’être humain habite un espace ouvert par le jeu d’une

                   «dialectique  cosmologique»,  «d’un  jeu  sacré».  Les  activités  humaines,  telles  que  la
                   philosophie, la poésie, le théâtre et la politique reproduisent ce jeu originel. Selon Friedrich

                   Schlegel: «Tous les jeux sacrés de l’art ne sont que de lointaines imitations du jeu sans fin
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                   du monde, cette œuvre d’art qui éternellement se donne forme» . Par une sorte de ruse
                   (de la raison pour Hegel), l’être humain, en jouant, «met en œuvre un ordre de choses plus




                   132  Fink, Ε., op.cit., p. 17.

                   133  Ibid., p. 19.

                   134  Ibid., p. 8.

                   135  Citation de Schlegel tirée de Gadamer, H.,G., (Vérité et méthode, Paris: Seuil, 1996, p. 123).



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