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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   stimuli environnants, mais nous y réagissons en formant des jugements perceptuels. Non
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                   seulement nous produisons des comportements, mais nous accomplissons des actions» .
                   Bref,  questionner  ce  que  nous  faisons,  c’est  s’exercer  déjà  à  tempérer  notre  activité.
                   Autrement dit, le questionnement philosophique exerce, comme les concepts chez Kant,

                   un effet régulateur.


                   Conclusion

                   Platon fait dire à Socrate qu’une vie non examinée ne mérite pas d’être vécue. Dans son

                   sillage, nous dirions que des activités non examinée ne sont pas dignes d’être vécues. Si le
                   jeu n’est pas sérieux, la pensée est la chose la plus sérieuse du monde si elle tente d’éclairer

                   le jeu à la lumière de la rencontre de soi. Contrairement au jeu, la pensée exige un effort,
                   car  il  n’est  pas  facile  d’amener  à  la  pensée  ce  qui  lui  échappe.  C’est  tout  un  travail!

                   Principalement, celui de surmonter le conflit archaïque ou le jeu entre le monde sensible et
                   le monde de l’intelligible. Pour cette raison, le questionnement philosophique devient lui

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                   aussi un «jeu sacré»  puisqu’il en va de l’intégrité du jeu mondain et du jeu cosmique.

                   C’est la présence à soi qui permet d’évaluer la valeur d’un jeu, de poser une limite au jeu
                   afin d’éviter qu’il se transforme en un travail et qu’il conserve sa dimension ludique. Penser

                   le jeu, c’est assumer la responsabilité de son intégrité. Pour cette raison, il y a une nécessité

                   de développer une éthique du jeu, une éthique liée aux activités motrices et sportives.
                   Comme le remarque Brandom à propos des concepts chez Kant et des jeux de langage
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                   chez Wittgenstein, penser le jeu, c’est déjà établir les règles de son application . Gadamer
                   dit sensiblement la même chose lorsqu’il affirme qu’il n’y a pas de compréhension sans

                   application.

                   Lorsque la pensée correspond à l’intelligence du corps, nous assistons à ce que Spinoza
                   nomme l’expérience de la joie. C’est cette joie qui nous indique que nous sommes au plus

                   près  de  la  nature  ou  de Dieu.  C’est-à-dire  au  plus  près  de soi.  La  réintroduction  d’une
                   intériorité dans le corps et dans la nature marque la plus grande victoire. Mais cette victoire

                   est-elle  le  propre  de  l’athlète  ou  du  philosophe?  Dit  autrement,  l’athlète  peut-il  faire


                   144  Ibid., p. 64.

                   145  Huizinga, J., op.cit., p. 130.

                   146  Brandom, R., op.cit.



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