Page 160 - Amechanon_vol1_2016-18
P. 160
Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
réalisatrice ou selon le modèle de Pygmalion. On peut même affirmer qu’à la source de tout
«vice» enfantin se trouve une condamnation initiale, d’où découlent un manque d’amour
et une acceptation paradoxale par l’enfant de l’identité déficitaire avec laquelle il se sent
condamné à coïncider.
Image 5: condamné par les adultes à «faire le vilain»…
Tous ces présupposés péjoratifs fondent des dispositifs pédagogiques disciplinaires et
orthopédiques, voués à la surveillance, au dressage, au redressement des enfants. La
violence en est le plus constant vecteur, ce qui donne à l’histoire de l’enfance en Occident
l’aspect d’un long martyrologue. «Frappe ton fils de la verge et tu délivreras son âme de la
226
mort» , disait par exemple Saint Benoît, tandis que l’Ancien Testament ou les Proverbes
mentionnaient déjà des conseils éducatifs sans ambages: «ne ménage pas à l’enfant la
227
correction, si tu le frappes de la baguette, il n’en mourra pas» .
Ainsi, pendant des siècles, l’enfant est fréquemment battu et humilié, sauf si son rang
social le met a priori à l’abri de tels sévices. Certes, depuis 1989 la Convention internationale
des droits de l’enfant condamne universellement la violence faite aux enfants, comme la
rappellent nettement les publications du Comité des droits de l’enfant, dont voici un
exemple significatif:
«Le Comité définit les châtiments "corporels" ou "physiques" comme tous
châtiments impliquant l’usage de la force physique et visant à infliger un certain
degré de douleur ou de désagrément, aussi léger soit-il. La plupart de ces
châtiments donnent lieu à l’administration d’un coup ("tape", "gifle", "fessée") à
un enfant, avec la main ou à l’aide d’un instrument − fouet, baguette, ceinture,
226 Benoît, S., Règle, chapitre II, Solesmes: éditions de Solesmes, 2005, p. 121.
227 Proverbes, XXIII, 13, Paris: éditions du Chêne, 2016, p. 320.
160