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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846

Des effets bénéfiques peuvent découler de cette angélisation de l’enfance, entre autres
par la pratique d’une pédagogie du soin et de la bienveillance. «La nature a fait les enfants

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pour être aimés et secourus» affirmait ainsi Rousseau.

Toutefois, dans ce clair paradis de la pureté enfantine, une forme de pédophilie littéraire

et esthétique magnifie de façon ambiguë la pureté prototypique du corps enfantin. Par
exemple Lewis Carroll, créateur du personnage d’Alice dans Alice au pays des merveilles, se

réfugie facilement dans la compagnie des petites filles, qu’il séduit, charme, photographie
dans des tenues très légères, amuse…

Les «portraits photographiques d’art» que tire Carroll en prenant ses «petites amies» pour

modèle révèlent toute leur ambiguïté et se relient au fantasme d’un corps éternellement
juvénile: «je donnerais bien volontiers toutes les richesses, fruits amers du déclin de la vie,

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pour être à nouveau petit enfant, durant une seule journée d’été» , avoue Carroll. Revenir
en arrière, rajeunir, arrêter le temps: tel est le leitmotiv de ce pédophilisme pour gens

savants, qui fait du corps enfantin une essence intemporelle résidant symboliquement

dans un pays qui n’existe pas: le Pays des Merveilles d’Alice, le Bois des Cent Arpents de
Winnie l’ourson et ses compagnons, le Pays de Nulle Part de Peter Pan, et tant d’autres lieux
fantastiques où l’enfance ne change jamais.

Image 10: Alice Liddell 1858, 6 ans (photographie de Lewis Carroll)

234 Rousseau, J.,J., op.cit., livre II.

235 Lewis Carroll, dans: Wullschläger, J., Enfances rêvées, Paris: Autrement, 1997, p. 44.

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