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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
enfants selon des modèles normalisés, l'artiste a choisi de les appréhender suivant des
éléments singuliers et de se laisser contaminer par ceux-ci, tout en y réfléchissant dans sa
création.
(Moment de la première scène, où, après que tous aient retirées leurs chaussettes, celles-ci
sont balancées vers le devant)
«… Au début, je ne voulais pas qu'ils fassent ces erreurs pendant les répétitions,
puis après, j'ai trouvé cela intéressant parce que j´ai pensé que, pendant le spectacle,
à ce moment-là, le fait de faire exister une différence pouvait prendre du sens. Je ne
savais pas exactement quoi, ce sont eux qui m'ont donné l'idée. Au lieu de corriger
l'erreur et de dire 'Diogo, Maria, ne faites pas ça !', j'ai accentué leurs erreurs».
Cette explication de Silvia Real montre comment le fait de ne pas prétendre soumettre les
enfants à une imitation suivant un modèle, a permis à l'erreur d'advenir, non plus une erreur
perçue comme un échec, mais comme un élément singulier et moteur de la création
artistique. Il est important de souligner les effets qui, au niveau psychologique et
pédagogique, ont découlé de cette subversion. «C'est comme oublier tout ça! On peut
profiter de nos erreurs», a conclu Diogo, très satisfait par ce changement de perspective.
Les autres enfants qui, comme lui, avaient ressenti des difficultés au niveau de
l´accomplissement des exercices proposés, lorsqu’ils ont compris que leurs erreurs, non
seulement avaient cessé de perturber l´ensemble du groupe mais devenaient, en plus, des
défis et des opportunités, ont pu dépasser leurs frustrations et renforcer leur confiance, ce
qui, ensuite, a entraîné une amélioration de leur attention et une meilleure intégration dans
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