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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
influencé l´ambiance e des répétitions et leur déroulement. Et à son tour, le public, en
assistant au spectacle, est constamment surpris, que ce soit par l'énergie des mouvements
pendant la scène des Danses Folles, par l'exagération des expressions faciales dans la scène
des Salutations, par les improvisations musicales ou encore par l'intensité avec laquelle les
enfants s'interrogent sur des questions métaphysiques dans la scène du Canapé Jaune. À
travers des actions imprévisibles qui surgissent au fil des différentes scènes, le spectacle
«Et si tout était jaune?» rompt ainsi avec une idée «infantilisée» de ce qu´est un enfant,
et de ce qu´il peut, pour faire place à l´enfance perçue comme nouvelle, différente, autre.
Signalons que ce que l´artiste a capté des enfants, ces éléments singuliers qu´elle a ensuite
fait surgir dans la création, sont apparus de façon inattendue et presque imperceptible, ce
qui nous amène à réfléchir au sujet des conditions de leur perception même. En d´autre
termes, comment s´est-elle laissée affecter par ces éléments imperceptibles, venus à
l´improviste, plutôt que de continuer à programmer les répétitions suivant un modèle pré
–établi?
À partir de cette opération permettant de transformer les erreurs en potentialités de
création, les enfants, libérés des attentes des adultes, sur ce qui est correct ou non de
penser ou de faire, ont naturellement perdu la peur du risque et ont commencé à essayer
leurs propres idées: «Ici, c'est différent, parce qu'on apprend, mais en même temps ont
créé et on développe nos propres idées. Tout ce que l'on fait pendant les répétitions a à
voir avec nous». (Vicente); «C'est nous qui avons les idées! C'est de la co-création!»
(Jasmin). En réaction à ce mouvement d´émancipation, quelque-chose chez les adultes est
venu se connecter à ces forces nouvelles liées à l'enfance, ce qui a donc participé à créer
un territoire commun, une zone d'indiscernabilité entre adultes et enfants. Depuis ce lieu
de nouvelles expériences et d´échanges réciproques, des images ont, par exemple,
commencé à émerger dans l'esprit des adultes, inspirées des idées des enfants, tout le
monde devenant ainsi créateur de la pièce.
De cette manière, les adultes sont entrés dans un processus de déconstruction de leurs
apprentissages. Par exemple, dans le domaine de la danse, Silvia Real, chorégraphe, a
cherché à se connecter avec ce qu'il y a d'authentique dans le mouvement de l'enfant tout
en retrouvant, de cette manière–ci, un certain état de l'enfance:
«Il y a un état d'innocence, où souvent, l'imagination, soudain, s'épanouit! C'est un
état d'innocence, mais ce n'est pas de l'innocence, c'est une espèce d'ouverture
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