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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846

de rencontres entre adultes et enfants, et non plus uniquement soumettre l´enfant à des

apprentissages programmés jusqu’à ce qu´il atteigne l´âge adulte. Devenir- enfant pour
s´ouvrir à une enfance nouvelle, indépendamment de l´âge et ce au-delà des préjugés et
des idées préconçues. Et comme il s´agit également d´un travail autour de l´expression

corporelle, reprenant quelques mots de Silvia, devenir-enfant pour libérer les forces

moléculaires d'un corps sans histoire. À ce propos, avec Spinoza, Deleuze, dans Mille
Plateaux, se questionne: «Qu'est-ce que peut un corps?». Tel que le philosophe le décrit, le

corps dépend des affects dont il est capable, c´est-à-dire ses devenirs:

«Les affects sont des devenirs. Spinoza demande: qu’ est ce que peut un corps? On

appellera latitude d´un corps les affects dont il est capable suivant tel degré de
puissance, ou plutôt suivant les limites de ce degré. Tout comme on évitait de
définir un corps par ses organes et ses fonctions, on évite de le définir par ses
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caractères Espèce ou Genre: on cherche à faire le compte de ses affects» .

En considérant le corps selon la puissance de ses affects, Spinoza établit une distinction
claire concernant la notion de corps: la latitude d'un corps fait disparaître le corps en tant

que représentation, et émerger un corps d'affects. L'organe s'efface, des particules se
libèrent, se mélangent avec d'autres particules voisines, créant une zone d’indiscernabilité,

où circulent les affects et les devenirs. Or, comme des compositions d'affects nouvelles se
créent à mesure qu´un corps devient, il n´est pas possible de prévoir ce que peut un corps,

les affects dont il est capable. À chaque fois, dans chaque cas spécifique, cela peut changer
à tout moment. Comme tout devenir, ce que peut un corps d´affects est totalement

imprévisible. Donc nous ne pourrons jamais répondre préalablement à la question «Qu'est-

ce que peut un corps?».

Extrapolons la question à l'enfance: Que peut un enfant? Et cherchons à savoir combien de
fois Silvia Real et Bruno Cochat, co-réalisateur de cette pièce, ont réussi à anticiper les

réponses des enfants aux exercices proposés. «C'est ça notre délire et notre frustration, par
quel chemin est-ce que tu peux comprendre les enfants? Peut-être que par là ça ne marche

pas, ni par-là […] C'est difficile parce qu'ils n'ont pas les mêmes réponses que les
adultes»(Silvia). Comment les artistes ont-ils fait face à cette imprévisibilité, quels furent

les procédés auxquels ils ont eu recours?

451 Ibid., p. 314.

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