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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   ou ' dit ce que je dis'». Quand, au début de la création de la scène des Danses Folles, elle lança

                   le défi d'essayer de faire la danse la plus folle qu'il puisse se faire, elle n'a pas dirigé les
                   acteurs, pour qu'ils ne se sentent pas obligés de suivre une forme déterminée. «Certains
                   ont  saisi  cette  idée  de  folie  comme  quelque  chose  d'intense,  fort.  Chacun  a  résolu  la

                   question  à  sa  manière.  Cela  a  donné  des  danses  très  différentes  les  unes  des  autres,

                   rappelant  soit  l'énergie  soit  le  rythme,  la  musicalité  ou  l'intensité».  Cette  liberté
                   d'interprétation vient du fait que l'improvisation est un procédé artistique en dehors du

                   cadre de l'imitation, faisant naître chez les enfants de nouvelles forces, imprévues, comme
                   l'énergie, l´intensité ou le rythme. Considérant ces éléments, dégagés par l´improvisation,

                   comme quelque chose étant au-delà de la simple forme, il est possible de rapprocher ce
                   processus artistique de celui qui concerne le devenir, décrit plus haut. Dans aucun cas il ne

                   s´agit d´aboutir à une forme fixe ou finalité, mais plutôt de libérer des éléments singuliers,
                   des particules ou des forces pour ensuite les capter et les transposer sur le plan artistique.

                   De  plus,  afin  de  ne  pas  perdre  la  richesse  des  premières  improvisations,  les  deux
                   chorégraphes ont introduit des exercices permettant d'empêcher la systématisation des

                   mouvements.

                          «Ils  ont  adoré  une  des  répétitions  que  Bruno  a  fait  avec  eux.  Pendant  cette
                          répétition, ils ont senti que les danses devenaient plus libres. Et avant le spectacle à

                          la Fondation de Serralves, ils ont demandé à revoir cette répétition! Ils ont voulu
                          revoir cette improvisation où les danses avaient gagné en fraîcheur pour pouvoir y
                          revenir» (Silvia).

                   Cette  préoccupation  chez  les  enfants,  de  conserver  la  fraîcheur  d'un  mouvement,

                   correspondant à celle de la première fois où il est exécuté, a été constante et reflète la
                   rigueur professionnelle avec laquelle ils ont travaillé.


                   «Dans ce spectacle, on est toujours en train de chercher des solutions: Et maintenant,

                   comment va-t-on résoudre cela?» -explique Silvia Real. En dehors des exemples déjà cités,
                   d'autres  scènes  ont  aussi  émergé  à  partir  de  situations  imprévues  que  l'artiste  a  pris

                   comme un défi ou problème à résoudre plutôt que comme quelque chose à éliminer. Par
                   exemple, la scène de la Pollution résulte de la synthèse de gestes qui normalement sont

                   interdits  sur  un  plateau  de  théâtre,  comme  éternuer,  se  toucher  les  cheveux,  appeler
                   quelqu'un dans le public, retirer une crotte de nez, etc. A partir de la création de cette

                   scène,  les  jeunes  ont  graduellement  éliminé  ces  comportements  et  cela,  de  façon





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