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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846
amusante, sans imposition. On trouve un autre exemple dans la scène de l'Accident, dans
laquelle les enfants se jettent des oreillers, courent n'importe comment d'un côté à l'autre
et crient comme dans une cour de récréation. Cette scène a été pensée en raison d'un
besoin qui s'est fait sentir, celui de pouvoir transgresser, au moins une fois, les règles
pendant le spectacle, afin de pouvoir rester complètement concentré à d'autres moments.
Cette tension entre attention et relâchement a aussi permis le développement d´un
énorme travail autour du détail, comme lorsque les jeunes acteurs concentrent leur regard
sur un seul point pendant un certain temps ou lorsque l'expression de leur visage
s'accentue graduellement. Il est intéressant de souligner qu'aucune de ces solutions n'a
été programmée par l'artiste, comme idée propre, décidée en amont du travail avec les
enfants pour être, ensuite, mise en pratique. Bien au contraire, elles sont advenues à
mesure que les problèmes se posaient. Pour cela, il a fallu essayer, marcher à tâtons, établir
de nouvelles connexions, lier les problèmes à de nouvelles questions, faire des
expériences, et enfin prendre des risques pour trouver des solutions auxquelles personne
n'avait pensé. L'imprévisibilité et la différence liées à l'enfance posent donc cette question:
«Qu'est ce que peut un enfant?». Confrontés à ce problème, les artistes ont été amenés à
chercher des solutions qui, non seulement leur ont permis d'accéder à une sorte de temps
illimité, mais leur ont aussi appris à accéder à ce qui est nouveau, à l´invention, c'est à dire,
à cela même qui ne peut pas s'anticiper, l'improbable, devenu pour leur pratique artistique,
une source inépuisable.
La métaphysique chez l´enfant: la scène du canapé jaune «Les enfants vivent naturellement
dans l´étonnement philosophique, voilà pourquoi ils sont des êtres naturellement
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philosophiques» affirme José Gil. Cette idée se justifie d´une part par la façon spontanée
avec laquelle ils posent des questions philosophiques, notamment sur des thèmes de la
métaphysique, telle que, «S'il n'y avait rien, comment est-ce que quelque chose a
commencé à exister?» et d'autre part, car pour eux, ces questions naissent d´un sentiment
de nouveauté radicale face au monde et aux choses. C´est comme si chaque jour était le
premier jour et comme si, à chaque fois, le monde était différent, et nouveau, d´où leur
capacité à s´étonner. Cette dernière question, au sujet du problème de l´origine de
l´univers, posée par Nuno, âgé de huit ans, au cours d´une session de philosophie, se
452 Wallenstein, M., Pedro, R., Silvestre, A., Gil, M., com prefácio de Gil, J., «Senão havia nada
como é que surgiu alguma coisa?», Nuno, 8, CCB, 2013, p. 10.
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