Page 455 - Amechanon_vol1_2016-18
P. 455

Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   amusante, sans imposition. On trouve un autre exemple dans la scène de l'Accident, dans

                   laquelle les enfants se jettent des oreillers, courent n'importe comment d'un côté à l'autre
                   et crient comme dans une cour de récréation. Cette scène a été pensée en raison d'un
                   besoin  qui  s'est  fait  sentir,  celui  de  pouvoir  transgresser,  au  moins  une  fois,  les règles

                   pendant le spectacle, afin de pouvoir rester complètement concentré à d'autres moments.


                   Cette  tension  entre  attention  et  relâchement  a  aussi  permis  le  développement  d´un

                   énorme travail autour du détail, comme lorsque les jeunes acteurs concentrent leur regard
                   sur  un  seul  point  pendant  un  certain  temps  ou  lorsque  l'expression  de  leur  visage

                   s'accentue graduellement. Il est intéressant de souligner qu'aucune de ces solutions n'a
                   été programmée par l'artiste, comme idée propre, décidée en amont du travail avec les

                   enfants  pour  être,  ensuite,  mise  en  pratique.  Bien  au  contraire,  elles  sont  advenues  à
                   mesure que les problèmes se posaient. Pour cela, il a fallu essayer, marcher à tâtons, établir

                   de  nouvelles  connexions,  lier  les  problèmes  à  de  nouvelles  questions,  faire  des
                   expériences, et enfin prendre des risques pour trouver des solutions auxquelles personne

                   n'avait pensé. L'imprévisibilité et la différence liées à l'enfance posent donc cette question:
                   «Qu'est ce que peut un enfant?». Confrontés à ce problème, les artistes ont été amenés à

                   chercher des solutions qui, non seulement leur ont permis d'accéder à une sorte de temps

                   illimité, mais leur ont aussi appris à accéder à ce qui est nouveau, à l´invention, c'est à dire,
                   à cela même qui ne peut pas s'anticiper, l'improbable, devenu pour leur pratique artistique,
                   une source inépuisable.



                   La métaphysique chez l´enfant: la scène du canapé jaune «Les enfants vivent naturellement

                   dans  l´étonnement  philosophique,  voilà  pourquoi  ils  sont  des  êtres  naturellement
                                  452
                   philosophiques»  affirme José Gil. Cette idée se justifie d´une part par la façon spontanée
                   avec laquelle ils posent des questions philosophiques, notamment sur des thèmes de la
                   métaphysique,  telle  que,  «S'il  n'y  avait  rien,  comment  est-ce  que  quelque  chose  a

                   commencé à exister?» et d'autre part, car pour eux, ces questions naissent d´un sentiment

                   de nouveauté radicale face au monde et aux choses. C´est comme si chaque jour était le
                   premier jour et comme si, à chaque fois, le monde était différent, et nouveau, d´où leur
                   capacité  à  s´étonner.  Cette  dernière  question,  au  sujet  du  problème  de  l´origine  de

                   l´univers,  posée  par  Nuno,  âgé  de  huit  ans,  au  cours  d´une  session  de  philosophie,  se


                   452  Wallenstein, M., Pedro, R., Silvestre, A., Gil, M., com prefácio de Gil, J., «Senão havia nada
                   como é que surgiu alguma coisa?», Nuno, 8, CCB, 2013, p. 10.



                                                           455
   450   451   452   453   454   455   456   457   458   459   460