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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   L’éducation du corps

                   Il existe une relation étroite entre l’éducation et le soin du corps. Le soin du corps fait partie

                   intégrante  de  l’humanité.  L’un  des  soins  qu’on  y  apporte  est  celui  de  la  gymnastique.
                   L’objectif est la santé. Celle-ci est importante, car sans elle, il n’est pas possible pour l’être

                   humain de chasser le gibier et de travailler la terre pour se nourrir. Si la santé est une valeur,
                   c’est qu’elle permet aussi à l’être humain de se défendre et d’attaquer, donc de participer

                   à la guerre.

                   Déjà chez Homère, la gymnastique fait partie de l’éducation. L’être humain apprend à se
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                   battre en imitant la guerre, «tous les mouvements de la défense et de l’attaque» . Ce sont
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                   des exercices militaires: ils luttent, lancent le disque, courent à pied . «L’éducation parfaite
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                   était celle qui formait le plus agile et le plus robuste gladiateur» . Selon Winckelmann, c’est
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                   par la vitesse des pieds qu’Homère dépeint Achille . Éduquer les citoyens, c’est préparer
                   de futurs défenseurs de la cité. Bref, si les citoyens s’adonnaient à ces activités de mise en
                   forme, ce n’était pas de manière désintéressée ou pour se distraire. C’était pour répondre

                   à un idéal de perfection qui consistait à se préparer à la vie quotidienne, qui en était une de
                   guerre.


                   Cette  éducation  était  si  importante  que  chaque  ville  possédait  ses  gymnases,  et  les

                   premiers  gymnases  datent  de  l’an  700  avant  J.-C.  Cependant,  ils  n’étaient  pas  un  lieu
                   réservé seulement aux exercices physiques. C’était aussi un lieu de conversation. On y

                   pratiquait la joute oratoire. De là naquit la philosophie. Comme si l’activité physique en elle-
                   même ne suffisait pas. Elle était toujours évaluée selon un idéal de perfection. Elle était

                   toujours accompagnée de commentaires pour les philosophes et de louanges pour les
                   poètes.  À  cet  égard,  Pindare  en  est  l’illustre  représentant.  Rappelons  d’ailleurs  que

                   «Platon, Chrysippe, le poète Timocréon, avaient d’abord été athlètes; Pythagore passait







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                     Taine, H., Philosophie de l’art, tome 2, Paris: Hachette, 1909, p. 187.

                   94  Ibid., p. 183.

                   95  Ibid., p. 188.

                   96  Winckelmann, J., Reflections on the Imitation of Greek Works in Painting and Sculpture, La Salle, Il,:
                   Open Court, 1987, p. 7.




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