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Amechanon, Vol. I / 2016-2018, ISSN: 2459-2846



                   de l’écriture libre, dans la longue durée et la reconnaissance sociale, afin qu’écrire devienne
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                   un «exercice spirituel» . Non pas une activité de normalisation institutionnelle, en fonction
                   d’un référentiel (à partir duquel une production sera jugée) mais un acte philosophique, ou
                   existentiel (par lequel une puissance sera effectuée). Non pas une activité scolaire (ou

                   scolastique) mais un processus de transformation de soi (une praxis). L’écriture, et ce dès
                   le très jeune âge, n’est pas la production d’une tâche en rapport à une consigne, mais la

                   production d’une pensée par le texte, par le travail du désir et l’expérience sensible des
                   affects. L’étude devient une expérimentation sociale, où chacun explore et élargit ce dont

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                   il est capable selon deux principes: affirmation de l’égalité  et pratique de la joie (Go, l’art
                   de la joie). Affirmation de l’égalité dans la mesure où seule l’immanence de ce qu’on peut
                   commande  l’action  dont  chacun  reste  l’auteur.  Pratique  de  la  joie,  dans  la  mesure  où
                   l’accroissement de la puissance d’agir, coopérativement partagé, qualifie l’expérience. De

                   même que la démocratie est le gouvernement de ceux qui n’ont aucun titre à gouverner,

                   l’éducation est la connaissance de ceux qui n’ont aucun titre à connaître.


                   Nicolas Go
                   nicolas.go@uhb.fr
                   http://www.univ-rennes2.fr/cread

                   http://rephedenprax.blogspot.gr


                   Maître  de  Conférences,  enseignant-chercheur  à  l’Université  de  Rennes  (France),  member  permanent  du
                   laboratoire scientifique du CREAD (EA 3875). Il est docteur en philosophie (Université Paris 10) et en sciences
                   de  l’éducation  (Université  Montpellier).  Il  est  également  diplômé  en  Langues  et  Civilisations  Orientales
                   (INALCO-Paris),  et  musicien  Lauréat  de  la  Fondation  Yehudi  Menuhin.  Ses  travaux  de  recherche  portent
                   principalement sur la philosophie de l’éducation, et posent le problème général de l’émancipation selon les
                   deux axes de l’histoire de la philosophie et des enjeux contemporains en éducation. Ils sont rigoureusement

                   rapportés à la question des conditions de possibilité pratique, et intégrés à une réflexion plus générale d’ordre
                   politique. Sont ainsi convoqués et articulés les champs du savoir (actes de connaissance), du pouvoir (pratiques
                   de justice), et de l’éthique (art de vivre, sagesse). Ils se prolongent, sur le plan empirique, par la co-élaboration
                   de pratiques pédagogiques novatrices (pratique sociale coopérative et actualisation de la pédagogie Freinet,
                   «philosophie  aux  commencements»)  dans  une  perspective  critique:  reconfiguration  de  la  forme  scolaire
                   d’éducation  (transformation  des  rapports  de  production  des  savoirs);  transformation  des  processus  de





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                     Comme disait Pierre Hadot (Exercices spirituels et philosophie antique, 1981).

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